top of page

Soutien à domicile

La situation est « inquiétante », estime la commissaire Castonguay


Le modèle de soins et services de soutien à domicile au Québec doit être revu. C’est le constat de la Commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, qui juge la situation « inquiétante ».




« Le système de soutien à domicile […] ne parvient plus à répondre adéquatement aux besoins actuels de la population. De plus, il semble peu équipé pour faire face aux exigences futures », a déclaré Mme Castonguay lors d’une conférence de presse mardi matin.

La commissaire a présenté mardi le quatrième et dernier tome de la série Bien vieillir chez soi, visant à évaluer la performance des soins et services de soutien à domicile québécois. Ce rapport propose 16 recommandations visant à optimiser les soins et les services et à améliorer les conditions de travail des professionnels.

Elle souligne dans son rapport que la cause du problème n’est pas due aux professionnels de la santé qui sont « compétents et engagés ». « Les difficultés viennent plutôt de la gouvernance et de l’organisation du travail. »


« Le grand constat, lorsqu’on regarde l’état dans lequel le système se trouve, c’est que la volonté politique réelle et forte de la part de nos dirigeants n’a jamais été au rendez-vous », a déclaré Pierre Lynch, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) dans un communiqué.

« Face à ces constats, une chose est claire : une transformation s’impose », a déclaré Mme Castonguay. Elle recommande d’abord au ministère de la Santé d’élaborer une politique ayant pour but de maintenir l’autonomie des aînés. « Le vieillissement n’est pas une maladie », dit-elle, en invitant le gouvernement à revoir la façon dont il perçoit le vieillissement.

Des dépenses modestes

Avec moins de 5 % des dépenses en santé réservées au soutien à domicile, le Québec est parmi les provinces canadiennes dont les ressources financières sont les plus faibles. « Prioriser le soutien à domicile serait un choix rationnel en matière de financement public des soins de longue durée, en raison des coûts considérables de l’hébergement », note pourtant la commissaire.

À titre d’exemple, le coût annuel moyen pour une personne recevant des services de soutien à domicile est estimé à 13 900 $ en 2023. Ce coût varie de 67 400 $ à 96 800 $ pour une personne en hébergement.

Pour couvrir les dépenses de l’aide à domicile, la commissaire suggère au gouvernement de définir un plan de financement des services. Elle recommande également d’imposer une contribution financière des usagers de l’aide à domicile en fonction de leurs moyens.

Cette contribution des patients s’appliquerait uniquement à l’aide domestique et à l’assistance personnelle. Cette contribution ne serait pas appliquée pour les services médicaux, infirmiers et professionnels ainsi que les services posthospitaliers et les services palliatifs.

Les besoins augmentent

« Le système actuel est insoutenable actuellement. Il fait face à un déséquilibre croissant entre l’offre des services à domicile et les besoins », dit Mme Castonguay. Et le nombre de personnes nécessitant des services de longue durée ne cessera d’augmenter au cours des prochaines années.

D’ici 2040, il faudra recruter 13 700 nouvelles infirmières et 45 600 travailleurs en soins d’assistance et services de soutien à temps plein pour répondre aux besoins des usagers, selon les estimations du rapport.

La commissaire suggère ainsi que le ministère de la Santé élabore une stratégie d’attraction et de rétention du personnel travaillant dans le secteur du soutien à domicile.

Le Québec devra également débourser 8,9 milliards de dollars de plus par année en 2040 pour les soins et services de longue durée, pour un total de 16,5 milliards. Mme Castonguay recommande donc au ministère d’entamer une planification stratégique des soins et des services de longue durée fondés sur des prévisions fiables.




Soutenir les régions

Encore à ce jour, de nombreux Québécois ne connaissent pas les programmes de soutien à domicile. C’est que l’information est difficile à obtenir, et les usagers peinent à s’y retrouver, souligne la commissaire.

Elle suggère donc la création de bureaux régionaux de soutien à domicile agissant comme portes d’entrée au soutien à domicile, dont un destiné à la population autochtone. Ces bureaux devraient être mis en place dès maintenant, estime-t-elle.

« C’est une idée très intéressante. J’aime beaucoup l’approche de maintien à l’autonomie, avec une implication du milieu local, des proches aidants et des groupes communautaires », dit le président-directeur général du Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être (CEPSEM), Luc Lepage.

La commissaire propose également que le gouvernement ajuste le processus de réclamation du crédit d’impôt pour le maintien à domicile d’un aîné, afin de le rendre uniforme, peu importe le milieu de vie de la personne.

Enfin, elle suggère que le gouvernement bonifie le soutien financier apporté aux proches aidants en améliorant les conditions d’éligibilité et le montant des crédits d’impôt qui leur sont destinés. Cette mesure est « essentielle », estime la porte-parole de l’Association des soins à domicile du Québec (ASDQ), Alison Green. « Environ 80 % des soins de santé sont offerts par des proches aidants. Il faut qu’on prenne en considération leur apport. »





bottom of page